Maman, que j’appelais ‘mamanke zoet’, était professeur de français, appelée à l’école ‘madame conjugaison’. Le soir, je faisais mes devoirs assis à ses côtés à la table à manger, tandis qu’elle corrigeait les devoirs d’élèves, parfois très mécontente…
Papa, personne énigmatique pour moi, était un grand fumeur et toussait beaucoup. Mais il faisait des tapis de smyrne, les dessinait lui-même et les réalisait à la même table à manger… et je pouvais l’accompagner quand il allait acheter la laine de smyrne dans un magasin spécialisé. Il aimait aussi encadrer des tableaux e.a. de Maurice Langaskens…
Entre eux, beaucoupde disputes, parfois virulentes, parfois violentes…très souvent pour des raisons d’argent. Je me souviens qu’au lit quand je les entendais, la peur m’envahissait…et je cherchais refuge au plus profond de moi… Ma sœur dédé, de 10 ans mon ainée, s‘est mariée à 22 ans. J’ai 12 ans, je pleure et me souviens de la voir partir…définitivement… !
Je me souviens de la 1ière voiture VW…, de l’installation d’une salle de bain, quel évènement ! Des poules dans notre jardin …et du coq ‘Jan’ qui était dangereux et m’attaquait et des petits poussins que papa soignait au grenier…. Puis du ‘schieting’: de ma chambre j’avais un vue sur un centre de ‘tir à l’arc’ et je pouvais suivre le mouvement du tireur et essayais de prévoir à chaque coup si la flèche allait toucher là-haut un petit oiseau…
Puis en humanités cette lutte linguistique parfois impitoyable entre francophones et Flamands qui m’amènera à devoir quitter une école pour une autre… Le fait de devoir apprendre le poème ‘ de Franse ratten’ fut la goutte qui fit déborder le vase…