TOT. Tout d’abord j’ai connu la guerre…

J’avais 5 ans …il fallait oblitérer les fenêtres, tout obscurcir dans la maison. Dès les premières alertes il fallait courir se réfugier soit à la cave à charbon soit chez des voisins ou dans les caves chauffage d’une grande horticulture avoisinante. On écoutait passer les avions bombardiers …et c’était à chaque fois le soulagement lorsque les sirènes annonçaient la fin d’alerte et lorsque en rue il n’y avait pas de dégâts à constater…Puis un jour papa qui avait été convoqué comme soldat revint…Plus tard…nous avions l’oreille collée à la “radio Londres” qui annonçait de façon énigmatique l’annonce et le développement du débarquement.

Mais il y avait aussi ces souvenirs particuliers durant la guerre: les tartes aux patates, maman qui allait chercher le beurre chez le fermier à +/- 6 km sur les pavées et les routes de campagne…..et moi…assise à l’arrière du vélo secouée en tous sens et jouant de la voix..

Enfin la libération!!!…Du pain blanc…du chocolat….délire de foule en rue à l’accueil des Américains! Puis…mes parents ont accueilli à la maison un écossais, puis un anglais et plus tard un Canadien, Richard, dont je me souviens que sa petite fille souffrait du cœur.

A 6 ans j’apprends à jouer au piano… avec une très gentille demoiselle Betty Galinsky …puis soudain elle disparaît. Plus tard j’apprendrai qu’elle a été déportée à Auswitch… Quand je joue c’est en hommage à elle. ( Koenraad Tinel )

Quelques souvenirs d’enfance en famille à Mont St. Amand

Maman, que j’appelais ‘mamanke zoet’, était professeur de français, appelée à l’école ‘madame conjugaison’. Le soir, je faisais mes devoirs assis à ses côtés à la table à manger, tandis qu’elle corrigeait les devoirs d’élèves, parfois très mécontente…
Papa, personne énigmatique pour moi, était un grand fumeur et toussait beaucoup. Mais il faisait des tapis de smyrne, les dessinait lui-même et les réalisait à la même table à manger… et je pouvais l’accompagner quand il allait acheter la laine de smyrne dans un magasin spécialisé. Il aimait aussi encadrer des tableaux e.a. de Maurice Langaskens…

Entre eux, beaucoupde disputes, parfois virulentes, parfois violentes…très souvent pour des raisons d’argent. Je me souviens qu’au lit quand je les entendais, la peur m’envahissait…et je cherchais refuge au plus profond de moi…                                                                                                                                             Ma sœur dédé, de 10 ans mon ainée, s‘est mariée à 22 ans. J’ai 12 ans, je pleure et me souviens de la voir partir…définitivement… !

Je me souviens de la 1ière voiture VW…, de l’installation d’une salle de bain, quel évènement ! Des poules dans notre jardin …et du coq ‘Jan’ qui était dangereux et m’attaquait et des petits poussins que papa soignait au grenier….                               Puis du ‘schieting’: de ma chambre j’avais un vue sur un centre de ‘tir à l’arc’ et  je pouvais suivre le mouvement du tireur et essayais de prévoir à chaque coup si la flèche allait toucher là-haut un petit oiseau…                                                                                                                              

Puis en humanités cette lutte linguistique parfois impitoyable entre francophones et Flamands qui m’amènera à devoir quitter une école pour une autre…  Le fait de devoir apprendre le poème ‘ de Franse ratten’ fut la goutte qui fit déborder le vase…

Le guidisme

De 6 à 29 ans… Quelle belle histoire!

Devenir lutin à 6 ans, passer aux guides, faire sa promesse, recevoir un totem et qualificatif, devenir CP puis Cheftaine à la 2ième Gand était déjà toute une aventure dont je garde de précieux souvenirs.                                                               Puis loger au Carrick à Bruxelles pendant mes études au Parnas, entrer dans l’équipe nationale, devenir commissaire à la branche guide, pouvoir aider à former de futurs cheftaines guides et pouvoir animer les camps de formations                                       e.a. en chantant ensemble dans ce lieu magnifique qu’est Mozet. Toutes ces étapes furent pour moi d’un enrichissement telle que j’en profite encore chaque jour.                                                                                                                       Pouvoir ensuite préparer avec une équipe fort enthousiaste ‘le 50ième’ –  anniversaire du Guidisme’ dans le stade Fallon de Boitsfort fut une expérience inoubliable. Le 9 mai 1965 fut la grande FÊTE avec plus de 20.000 participants, en présence de plusieurs personnalités dont Lady Baden Powel, qui m’adressa personnellement une lettre de remerciements que je garde précieusement.

L’Education physique…

-En fin de primaire, en plein cours de gym. mon désir émerge de devenir prof. de gym. J’ai 12 ans                                                                                                              -En rhétorique (au Nouveau-Bois) une grande fête de gymnastique se prépare, le prof.de gym. tombe malade et me voilà sollicitée à prendre la relève et la responsabilité de la fête, puisque ma décision est déjà connue: j’irai au Parnas.                                                                                                                                             Le Parnas?  Papa ne veut pas…maman paiera…mais je recevrai une bourse d’étude, que je rembourserai par après…

1958 sera pour moi une année mémorable, je suis en 2ième licence à Louvain

– J’ai le bonheur de faire partie depuis 2 ans de l’équipe d’élite dirigée par Monsieur Bottu. Nous nous préparons depuis un certain temps à une démonstration qui aurait lieu à l’Exposition Internationale de Bruxelles…               Mais:                                                                                                                                     – Janvier – Il fait glissant. Devant l’entrée centrale de la gare de Gand, mon ticket de train pour Paris en poche, je freine et chute et ce mouvement provoque un éclatement de ma cheville droite! …fracture Malléole interne & malléole externe avec diastase importante …avenir compromis? Car je suis en route pour visiter le centre de réadaptation de la SNCF, pour ma thèse de fin d’étude…                                                                                                      

Quelques moments familiaux particuliers
– en 1958 le décès de la petite Marie-Christine, la seconde fille de ma soeur Dédé meurt de leucémie.
– Après la mort de papa en 1959 notre voisine, maman de 6 enfants meurt en 1960 en mettant le 7ième enfant au monde…et je suis profondément perturbée…car le mari me demande de remplacer la maman des enfants…   Après 3 mois de réflexion il retire sa demande.
-Cette même année je m’engage dans l’église. En 1969 le choix s’impose à moi entre l’Eglise et l’eutonie…